During summer 2022, I was admitted to a rehabilitation clinic in Crans-Montana for 3 weeks and a half. Takin the stay as an artistic residency, Vous portez ses cailloux is the result of this artistic experience, which is also a social and a medical one. In between paintings, writings and recordings, I took a picture every day with my analog camera; one specific moment or place which meant something to me during the day. Also, I wrote everyday in my diary, which led me to write these sentences on the wall of the cube. The exhibition Vous portez ses cailloux is shown in the Gallery N°20 from Le Balkkon, Neuchâtel (CH), from the 8.12.22 to the 8.02.23.
Lecture during the vernissage
La santé mentale ne doit plus être un sujet tabou.
De l’amertume. Du choc. De la violence. Un manque d’amour. Des blessures antérieures. Un environnement nocif. Pas que d’un, mais de deux. De la souffrance. Partout et depuis longtemps. Aujourd’hui, je peux compter mes troubles sur les doigts de la main. Et si on avait pris soin de moi auparavant, je me retrouverais sûrement pas là aujourd’hui. J’ai la rage. Il y a tellement de liens que je fais et de choses qui se dénouent.
C’est la désillusion d’une vie.
Je me sens tellement comme une alien.
Congestion.
Solitude.
La supporterai-je?
Se faire du mal comme exultoire. J’aimerais m’ouvrir la gorge pour pouvoir respirer.
On observe depuis en haut. Prétendre.
Je ne me sens pas légitime d’être ici. Attendre. C’est l’heure de pointe. Les voitures se suivent pour descendre dans la vallée, rejoindre leur foyer. Jusqu’à ce qu’iels recommencent demain, et après-demain. Pour se rendre compte que la majorité de leur vie, iels l’ont passéexs à faire la même chose tous les jours. A moins qu’iels ne pètent des câbles et viennent me rejoindre. J’aimerais être en haut de la montagne, que je vois en face du balcon. Pour me sentir toute petite, mettre les choses en perspectives. Et ainsi, peut-être aller mieux.
Will I ever be cured? I know that Leonard thinks there is no cure for love.
Je me suis mal réveillée de ma nuit et de ma crise. Hier, c’était affreux. Aujourd’hui, je ne ressens ni du bien, ni du mal. Je m’en fous. De tout. De ces chaînes qui pendent à mon cou. Le soleil réchauffe ma joue depuis le balcon. Il fait chaud ici. J’ai envie d’aller me baigner. Tout le monde va mal ou quoi? Ici on se sent en sécurité. Et on a touxtes un point en commun; on a touxtes mal, on a touxtes des problèmes. Il y a un respect total des maladies, et pas de tabou. Ni pour la santé physique, ni pour la santé mentale. On ne se sent pas jugéexs, et on ne doit pas se justifier. On dit ce qu’on veut, et si on ne dit pas, c’est ok. C’est comme s’il y avait de l’acidité dans ma tête, dans mes tempes, derrière mes oreilles. J’ai l’impression que si je crache par terre, ça fera un trou. Soleil qui chauffe mon oreille. Mal un peu partout. Fatiguée, mais pas envie de dormir. Comme si la bougie, qui a bien brillé ces derniers jours, se ternissait gentiment. Il n’y avait pas un seul endroit où je pouvais me cacher pour être seule. Retrouver ma cabane.
Saturation.
Cette journée est un peu longue. Dans la forêt, j’ai aidé des enfants à transporter des bois et des cailloux pour faire une cabane. C’était le highlight de ma journée. J’espère que je vais réussir à dormir. Je sens que la corde est en train d’être tirée. Aujourd’hui, j’ai reçu une lettre de Mormor. Pile au dernier moment.
Si c’est pour vivre comme cela, alors je ne préfère pas vivre. Je ne veux surtout pas vivre sur la plaque. Je ne le serai jamais, puisque je suis verte.
La santé mentale ne doit plus être un sujet tabou.